La fête de Pâques de mon enfance (En Roumanie) Andreea

Chaque année, un peu avant Pâques et Noël, la mélancolie et la nostalgie de ma région natale de Roumanie se font sentir plus que le reste de l’année.

Ces périodes de fêtes rimaient toujours avec famille, amis, la joie de se retrouver et de partager des instants de bonheur.  Et aussi le respect des traditions, car en Roumanie, je suis née dans la région la plus traditionnelle qui s’appelle Maramures, une région magnifique dans le nord de la Roumanie, près de la frontière avec l’Ukraine.  C’est un endroit où le temps s’arrête ; il y a une telle symbiose entre l’homme et la nature, un équilibre parfait… Rien que de penser à cet endroit qui m’entourait,  me remplit d’énergie.

Si vous avez un jour la chance d’y aller, allez-y, vous ne le regretterez pas, vous allez découvrir des paysages magnifiques et des gens d’une qualité humaine rare, très accueillants, qui vous mettent tout ce qu’ils ont sur la table et ce sera un bonheur pour eux que vous soyez passés chez eux !

Je ne connaissais pas la chasse aux œufs avant de venir au Luxembourg, car en Roumanie pour Pâques, on ne fait pas la chasse aux œufs.  Mais on fait des tas d’autres choses et je pensais que ce serait intéressant de vous raconter comment les gens fêtent Pâques là-bas aussi.  Moi, je sais que j’aime bien découvrir les traditions des autres peuples.

Dans la semaine qui précède la Pâque, tout le monde est en ville pour faire les courses nécessaires à la préparation des plats spécifiques.  C’est un fourmillement incroyable et on n’a pas une minute de repos entre le ménage et la préparation des plats, car on sait qu’on va recevoir beaucoup de monde chaque année.

Parmi les plats traditionnels, ce qui est primordial, ce sont les œufs rouges ou colorés réalisés ou alors avec du colorant acheté en magasin, ou alors avec des feuilles cueillies dans la nature (pour la décoration) et la peau d’un oignon rouge qu’on fait bouillir avec de l’eau et du vinaigre blanc, puis on laisse les œufs tremper dedans.  Ça donne une couleur rouge naturelle.

C’est toujours moi qui m’occupais des œufs de Pâques dans ma famille, j’adorais ça !  Je vais le faire encore l’année prochaine ici au Luxembourg.

Ensuite, on fait un pain spécial pour Pâques, appelé « Pasca ».  Il est très beau, décoré, c’est une pure merveille !

Il y a toujours aussi sur la table de la cébette fraîche, de la ciboulette, des radis et des tomates.  Pour ceux qui aiment l’agneau, on prépare le traditionnel rôti d’agneau et aussi une soupe avec de l’agneau, des légumes, de la crème fraîche et qui a un goût légèrement acide car on met beaucoup d’oseille dedans.

Il ne faut pas que j’oublie parmi les plats traditionnels les petites feuilles de chou, le chou farci, du jambon fumé préparé dans notre région, c’est un délice, c’est un goût que je n’ai pas pu retrouver ailleurs.

Dans la région de Maramures, selon la tradition, on va à la messe de minuit, et chaque famille prépare un panier avec un peu de pasca, le pain de Pâques, un peu de jambon, des œufs rouges, une bouteille de vin, de la ciboulette et une bougie et va à l’église avec, car à la fin de la messe, le prêtre bénit ce que les familles ont amené dans leur panier, et on allume toutes les bougies.  C’est beau de voir toute la ville éclairée par ces bougies et chaque famille unie et reconnaissante pour encore une année ensemble.

Et en rentrant à la maison, on mange tous ensemble (oui, à 1h ou 2h du matin) en commençant par quelque chose de béni, un aliment qui était dans ce panier qu’on a amené à l’église.

Bien entendu, il y a le vrai repas de Pâques le lendemain à midi, mais je me rappelle chaque année en rentrant de la messe, on faisait un repas symbolique quand même.