C’est le
dernier roman de Jean Portante aux éditions Phi. ISBN 978-99959-37-13-3
C’est un roman
de 479 pages et cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un ouvrage aussi énorme ! Mais c’est un véritable bijou !
C’est un
roman de guerre, de deuil et d’amour.
C’est l’histoire
d’une famille d’Italiens migrant au Luxembourg et racontée sur plusieurs
générations et de plusieurs points de vues différents. Les narrateurs et narratrices qui sont
membres de cette famille racontent leurs histoires à la première personne. Il y a tellement de
narrateurs qu’on s’embrouille un peu et c’est fait exprès.
Le père de
Jo qui écrit par exemple :
« J’ai
tout réécouté, Jo. C’est un peu décousu
ce que je
raconte, n’est-ce pas ? » page 165.
Pour moi, le
récit le plus palpitant, qui m’a tenu en haleine jusqu’à la fin est celui de
Jo.
Jo, cela
pourrait être un diminutif de Jean, n’est-ce pas ? Car je pense qu’il y a des éléments
autobiographiques qui collent bien avec la vie de Jean Portante :
« La
moustache poivre et sel, les tempes grisonnantes » page 16 et le décès du
père. C’est une situation qu’a vécue
Jean Portante.
Jean a aussi
vécu à Cuba.
De plus, j’aime
vraiment la fin de l’histoire, l’idée que la vie est un cercle vicieux, que les
histoires se répètent dans les familles.
L’architecture
des temps instables, c’est sur quoi est bâti notre monde. Cela commence avec une guerre. Et après, on doit reconstruire la vie autour
de cette guerre/ de ces guerres. Il n’y
a pas que de la stabilité dans la vie.
Je trouve
aussi que Jean se « lâche » dans ce roman ( pp197-198 par exemple «
empoignant mon sexe, l’enfonçant dans sa bouche »…).
Et il aborde
le problème des multilingues d’une autre façon.
Il n’écrit pas dans plusieurs langues ici. Le roman est en français du début à la fin,
mais il fait comprendre que les protagonistes parlent dans plusieurs langues :
« Elle
a dit ça en français. Et le reste aussi,
mais je ne
M’en suis
pas rendu compte tout de suite. C’était
une
Convention facile
entre nous. Ne sachant quelle langue
Utiliser dans
nos conversations, nous nous mettions sans
jamais l’avoir décidé d’avance à parler celle du lieu où nous nous
trouvions au moment où nous nous parlions.
Cela venait
tout seul…
Papa est
mort, ai-je dit en luxembourgeois.»P171.
Très, très
chouette, même si c’est un roman dans lequel on ressent la douleur des
narrateurs et d’Assunta, la grand-mère qui raconte son histoire.
Je ne vous
raconterai rien de plus, c’est à vous de voir !
Nadine Kay